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Александр Грановский
Alexandre Granovski
Traduction de Vladimir Cilin



Centaure

Кентавр

Перевод на французский Владимира Силина.




Admettons que l'homme J. est parti du point A au point B... J. veut dire Justinien, bien qu'en effet il s'appelle Guécha, juste pour avoir le nom qui commence par G. Mais ce n'était que le nom d'hier. Aujourd'hui il s'appelle Justinien... Au moins on le tenait pour Justinien avant ce fameux point A..., mais à partir du point A il pourrait aussi bien devenir Marc... Aurèle de nom. Et cet incident, remarquable sous tous les rapports, eut lieu entre 8 et 9 heures au mois de thermidor en l'an de Dieu 1991, selon le calendrier grégorien naturellement...

Tout à coup une pluie se mit à tomber, en crépitant sur des parapluies avec un bruit particulier. Comme sur le couvercle funèbre d'un cercueil que des milliers et des milliers de mains, faisant leurs adieux, emportent en grand voyage, et lui, Marc, de son gré ou contre le gré, était là pour rien, mais cependant le courant le saisit et l'entraîna dans l'incertitude effrayante de la journée où il faudrait peut-être acheter du kéfir qui depuis quelque temps était considéré comme une potion d'amour enivrante. Certainement à cause de sa délicatesse inaccessible, surtout ces derniers temps, temps de parapluies et de chagrin.

Dans la petite rue Stolechnikov la vitesse du courant augmentait brusquement, et tous les parapluies se heurtaient avec une fatalité phallique contre l'élasticité d'une queue qu'ils contournaient, déjà flasques et abaissés.

Le tourbillon déposa Marc dans une anse dormante devant un gros mec coiffé d'un immense chapeau tiré sur les oreilles qui le faisait pareil à un cèpe. On aurait dit qu'il l'attendait.

"T'as besoin de marchandise?", demanda le gros et ouvrit à la façon des commerçants le pan de son vaste paletot. Sur le revers, juste au-dessous du label fané de la célèbre fabrique "Bolchévitchka", comme des grenades d'un terroriste, coexistaient en paix des bouteilles de vin, de vodka et un goulot doré du mousseux que Marc aimait en principe, mais Aurèle, comme toujours, préféra la vodka et il se mit déjà à chercher les sesterces...

D'ailleurs, on dit que chaque homme possède un troisième oeil (peut-être même un quatrième également) dont personne ne se sert d'habitude parce qu'on ne sait pas qu'il existe et qu'on peut s'en servir, mais il arrive parfois que cet oeil se met à fonctionner sans une raison apparente.

Le mec, méfiant, essaya le sesterce avec ses dents et ajouta généreusement une bouteille de porto bon marché marqué par le numéro stratégique 7 dont, peut-être, faisaient le plein des objets volants non-identifiés, ou qu'on offrait aux kamikazes héroiques avant leur mission, mais la guerre froide avait fini et toute la réserve stratégique de porto passa au peuple pour le rendre heureux.

"Devises est trrès bienne", le mec fit un clin d'oeil et sourit à Marc, en regardant, comme un Chinois, avec ses yeux bridés par-dessus son épaule...

Guécha se retourna... et se mit à se frayer le chemin dans la foule avec acharnement jusqu'à l'instant où il la vit, ELLE, tout près de lui. Il eut envie de tendre la main et toucher ses cheuveux, on aurait dit qu'il croyait et en même temps ne croyait pas qu'un tel miracle fût possible, mais sa main était mouillée, froide et étrangère, et il n'osa pas.

"Voulez-vous de la vodka?", demanda-t-il d'un air de naiveté désarmante.

"J'en veux bien", ses lèvres, en remuant, semblaient un peu épaisses, et il pressentait déjà qu'elles étaient tendres et humides... avec une odeur de pluie. D'abord timidement, en touchant à peine... on dirait qu'avec de petites gorgées il retardait la satiété.

- Marc Aurèle, - avoua-t-il en baissant la voix sans savoir pourquoi.

- Svéta, - ses lèvres furent d'accord tout de suite, et il en enleva doucement une goutte de pluie avec sa langue, il se mit à en chercher encore et encore... et il en chercha longtemps et délicieusement. Il ferma même ses yeux pour arrêter l'écoulement du temps.

"Vingt-trois... vingt-cinq... trente-deux...", comptait impassiblement une voix inconnue dans les ténèbres. "Le lot est vendu!.."

Enfin, il n'y eut plus de gouttes de pluie et un triste soleil apparut entre des nuages bas. Des badauds se rassemblèrent déjà tout autour. C'était un retraité militaire aux bandes de pantalon délavées qui dirigeait tout. Entre ses grosses saucisses de doigts, un bloc-notes rouge avec le mot "Député" estampé en or se dressait de temps en temps.

- J'vous en prie, camarades, faites vos mises... Plus vite, camarades... C'est le numéro vingt-trois, camarades, qui a gagné..., - annonçait le Député avec une écume démoniaque aux coins de sa bouche et frappait le bloc-notes contre la paume de sa main.

- Tu me respectes?, - le même mec avec le sesterce surgit brusquement, passa dans le cercle en jouant des coudes et se mit à loucher d'un oeil. Mais personne ne comprit qui il interpelait ou à qui il s'adressait.

- Et maintenant, camarades, c'est le canon Tsar du Kremlin de Moscou qui est à vendre... Puis ce seront l'échafaud Lobnoé et le Mausolée... avec le droit de les changer contre deux "Backfire" dernier modèle dotés de stocks de munition et de pilotes komikazes ayant des missions bien déterminées...le lot "Basile le Bienheureux"?.. Il a été vendu hier... Lénine toujours vivant, Lénine toujours présent... En malheu-eur, en espoi-oir et en joi-oie..., - le retraité militaire, assez fort de stature, se mit à sangloter tout à coup pour la grande surprise de l'assistance en essuyant des larmes sur ses joues avec de gros poings. Un instant plus tard on eut l'impression que quelque chose se cassa en lui, sa tête devint lourde et l'entraîna en vrille.

Il était couché face par terre, bras écartés, comme s'il avait voulu enlacer la Terre, tout le monde restait debout et attendait savoir ce qu'il allait faire, mais il restait couché et n'avait plus besoin de rien, il se trouvait tout simplement immobile, comme un mort-né de grande ville, le bloc-notes rouge étant tombé à côté... carrément aux pieds de Marc qui le ramassa sans savoir pourquoi, et son geste fut significatif. Tous se réveillèrent, se mirent à bouger, quelqu'un courut appeler l'ambulance, un autre, à une face minable, fouilla tout de suite les poches (pour identifier, comme cela se fait d'habitude, la personne), mais, au lieu d'un document, il en retira un pistolet (avec une poignée de nacre).

"Parabellum", nota d'emblée un type. "Un trophée, sûrement", précisa un autre d'un ton de connaisseur, et Marc pensa qu'il avait vu ce pistolet quelque part auparavant. "Il faut appeler la milice, quelque chose ne va pas là", s'agita un mec aux cheveux gris et aux yeux lascifs. A ces paroles la foule commença à se dissiper rapidement. Marc, le mec aux yeux lascifs et Svéta avec ses lèvres attirantes et un peu bouffies à cause de la pluie (attirantes parce que bouffies, peut-être) restèrent à leurs places. Puis le lascif disparut aussi. Quelqu'un passa à Marc le "Parabellum" en question, et il essaya, sans s'en rendre compte, de le tourner sur son doigt, à la façon des cowboys. Personne ne faisait plus attention au retraité étendu. On aurait dit qu'il était couché là-bas depuis toujours, qu'il devait se trouver là-bas.

L'entrée répandait une odeur tragique de l'urine. Un escalier montait, un autre descendait, mais quelque chose disait à Guécha qu'il fallait mieux descendre, malgré qu'il y fît noir, comme dans une éphédraie. Mais après le premier tournant il fit plus clair, et ils débouchèrent dans un large corridor. Le plancher et les murs y étaient revêtus de carreaux bleus.

- Par ici, s'il vous plaît, - un type bizarre se détacha du mur silencieusement. Il était à moitié nu, en pantalon rayé de pijama et avec une serviette autour du cou. - Déshabillez-vous plus vite, dans dix minutes on commence.

Dans la chambre il y avait un divan antédiluvien avec un haut dossier, une table avec des restes de saucisson bon marché dessus et un concombre de serre inachevé.

Svéta, sans réfléchir, se mit à se déshabiller tout de suite. Elle avait un collant noir inspirant et une culotte symbolique avec une fraise. Ce spectacle fastueux fit Guécha fermer les yeux... Avec ses mains tremblantes il déboutonnait sa chemise en arrachant les boutons, se débarassait du pantalon avec acharnement, tâtonnait fiévreusement le mur en cherchant l'interrupteur et, déjà dans les ténèbres profondes, comme un somnambule, il attrapa Svéta. Qui, d'ailleurs, ne résista pas beaucoup.

Juste un instant avant Il comprit qu'il perdrait ce combat, mais le char roulait déjà à toute vitesse, les chevaux traqués s'ébrouaient, les cris des centaines et des milliers de gosiers se mêlaient dans un hurlement déchirant suivi du bruit de pas et du tintement des lourds hoplites. L'or de leurs armures et l'acier de leurs épées éclataient au soleil, puis un tourbillon de poussière couvrit le soleil d'un voile noir, seulement son char rayonnant roulait, comme décollé de la terre, vers le soleil devant le tourbillon...

Ce matin Dionira, sa concubine, le visita dans sa tente. Elle apporta une boisson de guerrier. Elle s'approcha de lui, dormant, à pas de loup et procéda au rite magique de la mort. Sa bouche brûlante et tout son corps frémissant semblaient accomplir une danse d'adieu pour que des milliers et des milliers de guerriers languissants pussent prendre part dans le prochain combat et sûrement y mourir vaillamment (comme il se doit), mais il la chassa, comme une chienne battue, et maintenant il méritait la vengeance des dieux. Ils lui avaient envoyé le soleil, un immense soleil éblouissant et terrassant qui dissimulait les Parthes, mais ne le protégeait pas de leurs flèches... Jusqu'à l'instant où les flèches voilèrent le soleil. Il fit sombre tout de suite, et les chevaux, effrayés par les ténèbres, ne savaient où courir. Mais en arrière ils étaient déjà envahis par une vague écrasante. Marc Aurèle comprit que c'était la fin, et il lâcha la bride...

- Il est temps, camarades, il est temps! - le même type en pantalon rayé réapparut dans une oréole de lumière, mais cette fois-là il portait une chemise, aussi rayée. Sans faire attention à Svéta et Guécha, à moitié déshabillés, il ouvrit la portière d'une étroite armoire qui, comme il s'avéra de près, était un ascenseur. - Eh bien, qui ira le premier?

"Où?", voulut demander Guécha, mais quelques signes imperceptibles lui dirent que sa question serait pour le moins indécente. En plus, Svéta le regarda d'une façon particulière, comme s'il lui devait quelque chose, puis, ayant soupiré, elle tourna son triste regard en direction du concombre de serre qui paraissait vraiment provoquant.

Mais Guécha entra courageusement dans l'ascenseur. Tout de suite le plancher tressaillit sous lui et gronda. Il avait même des oreilles bouchées à cause de l'accélération. Il avalait la salive et ouvrait la bouche, comme un poisson... Le baron Münchausen qu'on avait lancé sur la Lune à l'aide d'un canon à la recherche de fortes impressions aurait dû avoir les mêmes réactions. Bientôt, dieu merci, Guécha ressentit le ralentissement, des mains inconnues l'extirpèrent dans une salle et se mirent à l'attacher sans façons à une table. Il essaya, dans la mesure de ses forces, de résister, mais tout à coup, juste au-dessus de sa tête, une lampe aveuglante s'alluma de ses quatre yeux et il sentit l'impact d'une odeur nauséabonde d'hôpital... Puis la lumière fut un peu atténuée, et il put entrouvrir les yeux.

Il se trouvait couché sous une cloche transparente, à laquelle se collaient quelques mufles. Le verre les déformait beaucoup parce qu'ils ressemblaient à des illustrations des "Ames mortes" de Gogol faites, par exemple, par Goya.

- Pas mal?.. Un exemplaire de race! Où avez-vous trouvé une telle beauté?.., les mufles derrière la vitre bougèrent avec émotion.

- Pêché au vif dans le décanteur central.

- Il ne se trahit pas!..

- Il fait semblant de dormir, mais il est, comme toujours, en état d'alerte numéro un.

- Oui, avec un appareil de copulation pareil...

- A votre place je le baguerais et le rendrais à la troupe.

- Non, la science a besoin de ses testicules.

- La science, comme toujours, demande des sacrifices.

- Voyez-vous, chers collègues, avant nous croyions que c'était le cerveau qui commandait le fonctionnement de l'ensemble de l'organisme... La matière grise et blanche, pour ainsi dire... Mais les dernières recherches des Japonais ont démontré incontestablement qu'en effet le cerveau est aussi un executeur, comme par exemple sphincter ani, et que le poste de commandement principal se situe dans les testicules. Cette découverte va, sans doute, transformer le monde. L'humanité n'a pas encore connu une découverte aussi révolutionnaire. Il est même difficile de se faire à l'idée que la tête avec son cerveau, tout ce qui a été considéré toujours comme le sommet de la création, comme un récipient sophistiqué de la raison et des sentiments, est au fait un organe de consommation, un prolongement vulgaire, pour ainsi dire, de l'oesophage, de l'estomac et, si vous voulez, du rectum...

- C'est affreux!..

- Ce n'est pas plus affreux que de croire durant autant de centenaires que la Terre repose sur trois baleines...

- Il s'ensuit donc, Herr Professor, que pendant tout ce temps-là nous ne pensions pas avec la tête, mais, en quelque sorte... avec le phallus?..

- Il s'ensuit... Et même pas simplement avec le phallus... Nous avons pu établir une corrélation entre les paramètres de n'importe quel phallus et le CI (coefficient intellectuel) de l'individu... oui, oui, de son intelligence...

- Dans ce cas-là, ce beau mâle pourrait être un génie.

- Il a été génial en effet... avant le point B...

... avant que quelqu'un n'ordonnât: "Anésthésie!" et quelque part derrière les dos un écho répondit en sourdine: "Oui, anésthésie!"

- Avé empereur!.. Avé, empereur! - criait et enrageait la foule. Ils veulent leur Dieu. Ils ont assez de rester debout et d'attendre, ils sont prêts à tomber à ses pieds pour éprouver enfin l'instant convoité de leur nullité, puis à se lever et à se mettre au même niveau que Lui, leur Dieu et leur guerrier, leur empereur, pour recrier encore et encore une fois avec des voix mêlées des dizaines de milliers de gosiers le même: "Avé, empereur!.. Avé, empereur!.. A..vé..é..." et pour s'enivrer à l'idée de leur propre importance et de leur force, alors il lèvera son bras en armure d'or et brillant au soleil, et un silence s'installera, un silence poignant de la mort, et toute cette foule (fatiguée déjà d'être le peuple), affolée il y a un instant, se précipitera dans la nuit en torrent impétueux. Juste au petit geste de son bras...

La vodka était fraîche, et Svéta, chaude, les olives des mammelons de Ses seins rigides se dressaient vaillamment, et Marc eut envie, juste pour un instant, de l'impossible, que chaqu'une de ces olives, les deux à la fois se retrouvassent dans sa bouche, dans la soi-disante position de départ de la langue qui commençait déjà à clapper d'impatience... Mais la Scythe défit ses cheveux d'un mouvement imperceptible, comme pour mettre sur elle une tente pudique, et pendant que lui, Marc, pensait métaphoriquement à ce qu'il y avait davantage dans ces cheveux paiens, de l'indécence captivante ou de l'espace jaune feu des steppes, la sauvage montait déjà sur lui et ses reins polis par le vent et le soleil commençaient leur course languissante... On aurait dit qu'elle était en train de tendre une corde invisible. Il se rappela vaguement une reproduction... ou plutôt une image du magazin érotico-intellectuel "Ogoniok" peinte par un inconnu ou ne pas peinte du tout, étant une image fortuite du conscient mondial auquel n'importe qui est capable de se brancher par excitation... Quelque chose comme "Centaure et Amazone"... "Domptement d'un jeune centaure"... Il eut le temps même de se sentir un peu comme ce centaure... qui gambadait et se folâtrait dans une steppe infinie jusqu'à l'instant où quelque chose de gros et de cuisant ne se mit à gonfler et à pousser rapidement entre ses jambes de derrière. Ayant pris peur, il essaya de s'en évader, et la jeune herbe lui fouettait les pieds et cette même chose... Puis lui, Marc, fut lancé avec un canon dans le ciel bleu, et il volait... volait jusqu'à la limite de la respiration... D'abord il était une pierre, puis un oiseau, ensuite un nuage, et finalement le colonel en retraite Kojoukhov (Carte de retraité № 0001137928) avec un exemplaire tant désiré de "Speed-info" contenant un article inspirant sur les salons de massage de Bangkok et la réponse à une question troublante: " Qu'est-ce que c'est coitus interruptus? "

Il se trouvait couché le nez contre le pavé glacial qui sentait ou bien les champignons ou bien les concombres salés. Il pleuvait. Il voulut se lever ou au moins ouvrir les yeux, mais il ne maîtraisait pas son corps, cependant il entendait et sentait bien. Il sentit que ce salaud se mit à fouiller ses poches, mais ne trouva qu'un briquet (dans leur "boîte" un ouvrier adroit les fabrique... Pour se protéger contre des fous en cas si... Lui, Kécha, il en eut un de sa part à l'occasion de son anniversaire). "Parabellum", définit tout de suite un connaisseur. "Un trophée sûrement", supposa un autre. "Un suicidé, - nota un troisième d'un ton compétent. - Mais je ne comprends pas au juste où est l'entrée de la blessure?.." "Salaud, c'est ton cul qui est l'entrée de la blessure...", faillit exploser Kécha et il eut une si grande envie de voir ce connaisseur, d'un oeil au moins, qu'il eut des vertiges. Il voulut également que son fameux briquet en forme de pistolet (on sait jamais) soît un tout petit peu plus pistolet que briquet... qu'il eût une balle au moins... et que lui, Kécha... Vassia... Marc eût une main qui fonctionnait... mais il vaudrait mieux tirer huit balles en rafale sur les idiots non-identifiés, feu!.. feu!.. feu!.. Mais les huit idiots non tués à temps le tiraient déjà quelque part dans l'incertitude de la nuit, et même s'il avait crié plusieurs fois à lui-même: "Je pense, donc je suis...", cela n'aurait eu aucune importance pour personne depuis longtemps.



L'escalier, comme toujours, répandait une odeur tragique de l'urine, mais il faisait chaud, et surtout calme. Marc Aurèle retira de l'intérieur de la tige de sa botte un mégot caché par économie et le fuma avec plaisir. Puis, comme s'il s'était rappelé quelque chose, il déboutonna son imperméable militaire, retroussa la chemise et examina attentivement son ventre traversé par une cicatrice assez récente qui descendait quelque part dans le pantalon...

Vassili Pétrovitch Kojoukhov rabaissa son pantalon et voulut d'un geste habituel faire ses besoins naturels... mais bien qu'il fouillât assez longtemps avec sa main le creux chaud du pantalon, il n'y trouva rien.

- Salauds! - expira Marc d'un ton de traqué et envoya un gros crachat dans les ténèbres scintillantes. Un gros chat rouquin fit voir son museau des ténèbres et s'étira. Plein de confiance, il s'approcha de Marc et frotta son dos contre son pied.



© Александр Грановский, 2001-2024.
© Владимир Силин, перевод, 2001-2024.
© Сетевая Словесность, 2001-2024.





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